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Le vocabulaire du bouliste

1 - Vocabulaire spécifique

Il existe un vocabulaire spécifique à la pétanque. Qui ne connaît pas le fameux « Tu tires ou tu pointes ? ».

  • Bouchon ; cochonnet ; petit ; têt ; gari (en provençal) : le but.
  • Pointer : lancer la boule pour la rapprocher le plus possible du but. L'action de pointer s’appelle le « point » ou l’« appoint ».
  • Tirer : lancer la boule afin de chasser une boule adverse. En règle générale, la boule tirée est perdue, sauf en cas de carreau ou de palet.

2 - Vocabulaire lié au point

  • Avoir le point : posséder une boule (ou plus) mieux placée que celles des adversaires.
  • Reprendre le point : placer une boule en faisant mieux que l'adversaire qui avait le point.
  • Faire un biberon, un têtard : la boule colle le but (ou "bibe"). Voir aussi "bouchonner".
  • Devant de boule : se placer devant une boule adverse en s'y collant. Ceci est gênant pour l’adversaire car ce sont des boules difficiles à tirer (la plupart du temps, la boule qui est devant reste en place, et c’est la boule qui se trouve derrière qui s’en va).
  • Faire un bec : heurter une boule déjà placée pour faire dévier la sienne vers le but.
  • La donnée ou La donne : zone d'impact au sol de la boule pointée. La recherche d'une bonne donnée est primordiale sur des terrains difficiles.
  • Jouer en demi-portée : pointer en lançant la boule environ à mi-distance (cette distance variant suivant le terrain et la hauteur à laquelle la boule est envoyée) entre le cercle de lancer et le but. C'est le style d'appoint le plus répandu et le plus facile à réaliser.
  • Porter, Plomber ou Envoyer : pointer en lançant la boule très haut, afin qu'elle roule le moins possible en retombant sur le sol (on dit qu’on assomme la boule). Ce style d'appoint demande une très grande maitrise. L’envoi est l’action d'envoyer.
  • Faire glisser (ou Faire rouler) : pointer en lançant la boule assez près du cercle de lancer. Ce coup peut être avantageux sur des terrains bien particuliers, en général lisses et qui répondent mal aux boules piquées.
  • Jouer une boule nature : Jouer la boule sans lui donner d’effet.
  • Tenir (ou Serrer) une boule : au point, donner un effet rétro à la boule, de sorte qu'elle roule moins qu'une boule jouée nature (sans effet). On dit des joueurs qui maitrisent cette technique qu'ils jouent « au poignet ». On dit de ceux qui la maitrisent à son maximum qu’ils « bloquent » la boule (car à la tombée, la boule est comme bloquée, puisqu'elle avance très peu).
  • Lâcher la boule : au point, jouer un peu plus fort que la normale, soit volontairement, soit involontairement.
  • Piquer la boule : la faire frapper le sol avec un angle assez important. La distinction boule piquée / non piquée se fait sur les coups en demi-portée : la courbe est plus en cloche pour une boule piquée.
  • Jouer haut, bas, au jeu : lorsque le terrain est penché latéralement (ce qui est très souvent le cas), on distingue le haut (le côté le plus haut) et le bas (le côté le plus bas). Ainsi, jouer :
  • au jeu est jouer sur la trajectoire idéale passant par le cochonnet,
  • plus haut que jeu est jouer sur toute trajectoire passant plus haut que le cochonnet,
  • plus bas que jeu est jouer sur toute trajectoire passant plus bas que le cochonnet.
  • Donner de l’effet à ou Tourner une boule : Lancer la boule en lui imprimant un effet de rotation latérale grâce à un mouvement des doigts. Bien maitrisé, ce geste est d’une grande utilité lorsque :
  • une boule se trouve « en plein jeu » (c.-à-d. lorsqu’elle se trouve sur la trajectoire idéale qui permet d’atteindre le but) : dans ce cas, le pointeur envoie sa boule par côté et la « ramène » vers le but grâce à l’effet imprimé.
  • le terrain est très difficile et que les données sont rares: parfois les seules données acceptables ne sont pas « au jeu » et l’effet est nécessaire pour « ramener » la boule vers le but.
  • Répondre : La réponse d’une boule est son comportement à la tombée, lorsque le joueur lui a donné un effet. Une boule peut bien répondre si le comportement est celui attendu, ou mal dans le cas contraire. Comme la réponse d’une boule est en fait due au terrain, on parle aussi de réponse du terrain (ou d’une zone de terrain).
  • Jouer (ou Rentrer) une boule : Pointer dans l’intention de pousser une boule de son équipe qui est devant le but mais qui n’est pas assez près pour marquer (idéalement, après le coup, la boule poussée et la boule jouée marquent). Tout l’art de ce coup est de doser la force de façon à ce que si la boule visée est ratée, le point soit pris quand même.
  • Faire un demi-coup : Jouer la boule plus fort que ce que demanderait un appoint normal (on dit « plus fort que jeu ») afin de venir heurter des boules (ou le but) pour les déplacer sur une faible distance. Il s'agit d'un coup entre le point et le tir, d’où son nom. Il peut être utilisé pour séparer deux boules collées.
  • Serrer : Pointer toutes les boules restantes du mieux possible. La plupart du temps, on serre lorsqu'on n'a pas réussi à tirer une boule adverse qui est très près du cochonnet. On se résigne donc à laisser la mène à l'adversaire, mais on l’empêche de marquer trop de points.
  • Faire un Palouf : (ou aussi : palouffer) se dit lorsqu'un joueur envoie une boule beaucoup trop courte.
  • Jouer volontiers : c'est, à l'inverse du palouf, une boule jouée trop fort.
  • Faire un nari (accent tonique sur le a) : rater complètement son appoint.
  • Escamper ses boules : rater complètement ses appoints dans une mène.
  • Démarquer : dans le cas où l'équipe adverse n'a plus de boule, où au moins un point est déjà acquis, et où l’on pointe pour « ajouter » (des points), c’est donner le point à l'adversaire (soit en chassant la boule (ou les boules) de son équipe qui avait (avaient) le point, soit en « rentrant » une boule adverse, c'est-à-dire en la poussant de telle sorte qu’elle marque). On peut aussi se démarquer en tirant.
  • Ne pas jouer pour le perdre : lorsqu'un joueur parvient à reprendre le point à l'adversaire alors que le pointage est difficile, on dit qu'il n'a pas joué pour le perdre.
  • Ne pas jeter sa boule : réussir une boule utile (sans forcément prendre le point). Au contraire, on dit qu'un joueur a jeté sa boule lorsqu'il joue un mauvais coup.
  • Faire un vol (on entend souvent: « C’est du vol ! ») : lorsqu'une boule mal jouée embarque le cochonnet, ou heurte involontairement une boule bien pointée, bref, on dit qu'il y a vol dès qu'une boule mal jouée parvient à faire reprendre le point à son équipe.
  • Rétropissette: technique de pointage permettant de s'affranchir des irrégularités du terrain en donnant à la boule un effet rétro.
  • Le point de l'Anglais ou La boule piège : se dit d'un point suffisamment mauvais pour que l'équipe adverse croie pouvoir le reprendre facilement, en vain.

3 - Vocabulaire lié au tir

  • Tirer au fer : lancer une boule directement sur la boule visée. Il s'agit de la façon « classique » de tirer.
  • Tirer devant : lancer une boule à 30 cm (indicatif) maximum devant la boule visée. Ce tir peut se pratiquer sur des terrains qui ne « sautent » pas (c-à-d. où les boules ne rebondissent pas après l’impact), ou bien par des tireurs qui lancent leur boule (trajectoire ou effet spécifique) de manière à ce qu'elle rebondisse très peu.
  • Tirer à la raspaille (ou à la rafle), raspailler : contraire du tir au fer, la boule roule avant de toucher la ou les boules visées. Cette technique est généralement assez mal vue par les puristes.
  • Faire un carreau : terme employé quand il y a « tir au fer ». La boule de tir lancée reste dans un rayon maximum de 50 cm (indicatif) autour de l'impact. Trois situations sont décrites par des termes spécifiques :
  • on réalise un carreau parfait ou un arrêt lorsque la boule tirée prend la place exacte de la boule cible,
  • on réalise un carreau allongé lorsque la boule tirée roule vers l’avant après l'impact sur la boule cible,
  • on réalise un recul lorsque la boule tirée repart en arrière après l'impact sur la boule cible.
  • Faire un palet : tirer une boule sur le jeu en tirant « à la raspaille » ou en « tir devant » : la boule lancée reste dans un rayon maximum de 50 cm (indicatif) autour de l'impact. Deux situations sont décrites par des termes spécifiques :
  • on réalise un palet parfait ou un arrêt lorsque la boule tirée prend la place exacte de la boule cible,
  • on réalise un palet allongé lorsque la boule tirée roule vers l’avant après l'impact sur la boule cible.
  • Faire un trou : tirer à côté de la boule visée (c'est un tir raté).
  • Faire un écart : faire un trou en tapant trop à gauche ou trop à droite.
  • Faire un brochet ou Faire un crocheton : faire un écart important.
  • Faire une casquette : frapper une boule sur sa « tête » (partie supérieure). La boule cible reste à sa place ou bouge très peu.
  • Faire une sautée (ce dit aussi Trier) : frapper une boule qui se trouve quelques centimètres derrière une autre (sans toucher cette dernière) : ce tir demande bien sûr une précision absolue en distance.
  • Faire un choisi (ce dit aussi Trier) : frapper une boule qui se trouve à côté d'une autre boule, sans déloger cette dernière.
  • Tirer sur l’oreille : frapper une boule sur le côté, de façon à la faire partir de travers.
  • Faire un sifflet ou Faire un ciseau : chasser deux boules adverses en un seul tir. Ce coup requiert de heurter la première boule selon l'angle adéquat afin de chasser la deuxième par ricochet.
  • Tuer le chien : tirer une boule de sa propre équipe, de façon non intentionnelle.
  • Avoir un contre : tirer la bonne boule, mais de telle façon que celle-ci ou la boule jouée aille percuter – et démarquer – une boule de sa propre équipe. On parle de position de contre lorsqu’un contre a une probabilité non négligeable d’arriver en cas de tir. On parle de contre sec lorsque la boule adverse heurte la boule de sa propre équipe en plein et donc prend sa place : ce cas-là est évidemment très mauvais pour l'équipe du tireur.
  • Tirer le but (avec toutes les déclinaisons de but) : parfois, si une équipe est mal embarquée dans une mène elle peut essayer de tirer le but pour annuler celle-ci. On dit alors qu'elle tire le but.
  • Pet de vieille : il s'agit d'un tir qui n'est pas au fer, et qui se contente d'effleurer la boule visée sans la faire bouger suffisamment selon les puristes (on qualifie de pet parfait un pet de vieille qui ne permet pas de reprendre le point).
  • Se découvrir : tirer trop de boules, de sorte à s’exposer à « prendre une grosse mène » si l'équipe adverse réussit ses tirs.
  • Faire une ferret : tirer les boules de son partenaire.
  • tchiquer une boule:tirer sur une boule et la toucher sans la faire partir suffisamment ou qu'elle revienne a sa place.

4 - Expressions diverses

  • Embrasser Fanny, Faire fanny, Être fanny ou (Se) Prendre une fanny : perdre une partie sur le score de 13 à 0. L'équipe ayant gagné peut alors se prévaloir d'avoir mis une grosse mine à ses adversaires. À l'origine, les perdants devaient alors embrasser les fesses d'une femme postiche nommée Fanny, représentée sous forme de tableau, de poterie ou de sculpture.
  • Mettre une fanny : gagner une partie sur le score de 13 à 0.
  • Une valise, valoche : se dit lorsqu'on prend 5 ou 6 points dans une mène.
  • Un sac à main : se dit lorsqu'on prend 4 points dans une mène.
  • Un portefeuille : se dit lorsqu'on prend 3 points dans une mène.
  • Faire la musique ou Faire la chanson : essayer de déstabiliser l’adversaire en discutant entre les points, soit avec lui, soit avec ses propres partenaires.

Une valise, valoche de un : Se dit lorsqu'une équipe aurait pu faire une valise, valoche et n'a finalement mis qu'un point. Expression de soulagement d'une équipe plutôt mal partie

L'histoire de la pétanque

Le jeu de pied-tanqué, ou la pétanque si vous préférez, est né en Provence, à la Ciotat durant l'été 1910. Ernest Pitiot modifia alors le mode de jeu de boules pour un ami malade et lui accorda de jouer depuis un cercle à 3 mètres du cochonnet, les pieds tanqués dans ce cercle. C'est ainsi que la pétanque, dans sa version actuelle, connut sa première manifestation. On croit cependant que l'ancêtre du jeu prendrait ses origines dans les sables de l'Égypte ancienne. Des archéologues auraient trouvé, dans certains sarcophages, des ensembles de boules accompagnées de ce qui semble être un cochonnet. On sait par ailleurs que les Grecs passaient de longues heures à jouer avec des pièces de monnaies qu'ils lançaient sur une ligne tracée au sol. Les Romains et les Gaulois y allèrent aussi de leur version de ce jeu mais en tentant de lancer des objets sphériques le plus près possible d'une ligne tracée à même le sol. 

Le jeu de boules, introduit désormais en France par le biais des soldats romains, allait faire de nombreux adeptes au cours des siècles, si bien qu'on l'interdira à quelques reprises pendant l'Histoire. Entre le 3e et le 10e siècle, le clergé le condamnera car il éloignait les paysans de leurs tâches de bon chrétien. Ensuite, les souverains du 14e siècle en firent empêcher les manifestations, préférant que leurs sujets manient les armes plutôt que les boules. Plus tard, la Renaissance le fera également interdire au peuple car il deviendra le privilège de la noblesse. Vers 1630, c'est au tour des fabricants du jeu de paume d'intriguer pour jeter l'interdit sur le jeu de boules à cause d'une trop forte concurrence avec leur propre jeu (le jeu de paume est à l'origine du tennis). Toutefois, cette nouvelle contrainte pousse les bouleurs à la clandestinité et aboutira à la création des premiers boulodromes, bien à l'abri des regards inquisiteurs, dans les monastères... Ah ces moines, de vrais épicuriens ! Après les alcools, les fromages, le vin, la bière, les fines herbes, voilà qu'ils se mirent aux boules... Quoiqu'il en soit, c'est grâce à cet intérêt pour ce jeu si simple que les règles en furent transmises jusqu'à l'aube du 20e siècle et que l'on en vint à la version que l'on pratique maintenant.
Il faut cependant ouvrir une parenthèse sur les autres jeux de boules, notamment la Lyonnaise. En 1850, on reconnait, à titre de sport, ce jeu de boules dans la région de Lyon et l'on crée une première société officielle, le Clos Jouve. La pétanque des Méridionnaux, que l'on nomme aussi le jeu provençal est semblable au jeu Lyonnais sauf que les règles en sont simplifiées au maximum et que le choix du terrain reste libre. N'eut été l'incident qui conduisit Ernest Pitiot à revoir l'éxécution du jeu, la pétanque serait sans doute encore un jeu de boules portant un nom différent d'une région à une autre, et comportant quelques divergences, toujours selon les régions, en ce qui concerne l'application de ses règles. Pitiot a, en quelque sorte, standardisé la pétanque afin quelle devienne un sport agrée et ainsi l'ouvrir à la possibilité de compétitions nationales puis internationales.
Grâce à cette simplification qui consiste à tirer la boule depuis un cercle tracé au sol, sans élan et sur un terrain moins long, les tournois de pétanque se sont multipliés, aussi bien que les fédérations et associations ; la Fédération Française de Boules existe maintenant depuis 1942. La pétanque est devenue le 6e sport le plus pratiqué en France. Il ne s'agit donc pas uniquement d'une activité négligeable, qui réunit des vacanciers et de vieux Provençaux autour d'un Pastis. Il ne s'agit pas simplement d'une fable locale, enjolivée par l'écrivain Pagnol afin de mythifier le Sud de la France. Il est question au contraire d'un sport assez sérieux pour que l'on en fasse une gloire nationale en affrontant plusieurs autres pays tels que l'Italie, l'Espagne, la Tunisie, l'Algérie, la Suisse, le Maroc, la Belgique, Madagascar, Monaco, la Thaïlande, le Danemark, le Japon, etc. Évidemment, la France est le pays qui a remporté le plus de titres jusqu'ici avec 35, toutes catégories confondues.

Aujourd'hui, la pétanque ne se pratique plus avec des boules de bois cloutées. On utilise les boules d'acier, plus faciles à diriger mais le cochonet, lui, est toujours en bois (de buis). Les équipes sont formées en général de 3 joueurs : un tireur, un pointeur et un milieu mais elles peuvent aussi ne se composer que du pointeur et du tireur. On estime à près de 600000 les joueurs de pétanque licenciés à travers le monde et à plusieurs millions d'amateurs. Comme quoi les coups de boules font toujours parler d'eux !